L’organisation non gouvernementale GEOPRAGMA est un pôle de réflexion stratégique indépendant, est une association non partisane et à but non lucratif visant le renouveau de la pensée et de l’action stratégiques françaises à partir d’une vision réaliste, non dogmatique et éthique du monde et des hommes. Son objectif est la défense des intérêts nationaux et des valeurs civilisationnelles de la France, la promotion du nouveau leadership français en Europe et l’influence sur la scène internationale. Geopragma a été enregistrée le 30-11-2017 et est située 3 RUE DE CHAILLOT – 75016 PARIS.
Au moins, cela est écrit sur le site officiel de l’organisation, et nous pourrions croire que ce soit vrai à moins de faire une analyse détaillée des membres et du contenu qu’ils publient.
Les membres.
La chef de cette organisation est une propagandiste russe bien connue, Caroline Galactéros, qui a une position anti-américaniste et anti-atlantiste et s’inspire d’Alexandre Dougin, l’idéologue de la théorie du “monde russe”, développeur de la théorie géopolitique de l’eurasisme (même en Russie, le Kremlin officiel l’a répudié en raison de son radicalisme et de son extrémisme). Elle est très active dans les médias, donnant des interviews. De plus, elle est l’une des “expertes” étrangères préférées des médias russes, qui la citent volontiers en la positionnent comme la “voix de l’Occident”.
L’autre membre est Jean-Bernard Pinatel, ancien général de l’armée française et un “expert”, il écrit des articles sur la guerre en Ukraine, publie des livres et est actif sur les réseaux sociaux, donne des interviews pour les médias propagandistes russes. Tous ses documents n’ont qu’un seul but: critiquer l’Ukraine et son armée et justifier l’invasion russe de l’Ukraine.
La suivante est Héléna Perroud, née à Moscou, elle est de double culture russe et française, bilingue, elle a 10 ans d’expérience de vie en Russie – 7 ans à Moscou et 3 ans à Saint-Pétersbourg. Elle travaille régulièrement avec la Russie depuis la fin des années 1990, à la Présidence de la République (1996-2005), en tant que responsable de l’Institut français de Saint-Pétersbourg (2005-2008), également en tant que responsable de l’ouverture internationale de l’Académie de Versailles (2009-2015). Fondatrice d’Héléna Perroud Conseil depuis 2015, elle exerce des activités de conseil entre la France et la Russie, en accompagnant les entreprises en Russie. Elle effectue à cet effet de nombreux déplacements en Russie.
Nous avons ensuite Emmanuel Goût, associé gérant du cabinet Goût Sevastianov and Partners, basé à Moscou.
Et encore, Alexis Tchoudnowsky, citoyen français, résident au Royaume-Uni, représentant de la soi-disant “noblesse blanche russe” (il est très probablement l’ancêtre des Russes qui ont fui les communistes après la révolution de 1917), dont les activités sont liées aux investissements et à la banque, il est également le patron de la banque d’investissement Rothschild à Moscou. Il est également membre d’une autre organisation d’influence russe – l’association Paris-Berlin-Moscou.
Le grand maître des francs-maçons Alain Juillet est un chef d’entreprise et ancien haut fonctionnaire français. Il a été directeur du renseignement au sein de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), avant d’être nommé haut fonctionnaire chargé du renseignement économique auprès du Premier ministre François Fillon jusqu’en 2009. Franc-maçon, il est l’un des fondateurs de la Grande Loge de l’Alliance maçonnique française dont il est le premier grand maître. Depuis les années 2020, il s’est fait remarquer pour ses positions pro-Kremlin et ses propos complotistes, notamment sur l’invasion russe de l’Ukraine.
Alain Juillet possède une chaîne YouTube appelée “OPENBOXTVfr” (auto-description: Web TV dédiée aux questions géopolitiques, qui donne l’occasion de s’entretenir avec de vrais experts spécialisés dans les grands enjeux stratégiques de la France au 21e siècle) avec 130 000 abonnés et également des profils sur les réseaux sociaux. Malgré de belles paroles, il s’agit simplement d’une chaîne de propagande, où il publie divers contenus vidéo anti-américains et pro-russes.
Le journaliste français Jean-Claude Galli travaillant en Russie est l’ancien directeur du Courrier de Russie, ancien correspondant de BFMTV (Moscou).
Les autres membres de Geopragma sont: Patricia Lalonde, Philippe Hénon, Gérard Chesnel, Jean-Philippe Duranthon, Jacques Myard, Pierre de Lauzun, Gérard Chaliand, Pierre Conesa, Renaud Girard, Claude Revel, Christopher Coonen.
Ainsi, 7 des 18 membres de l’organisation sont soit d’origine russe, soit ont des relations proches avec la Russie et sont des propagandistes russes, marionnettes du régime de Poutine, payés pour diffuser des récits russes en Europe.
Analyse de contenu.
Faisons une analyse de contenu des matériels qu’ils publient sur leur site officiel.
Dans l’article intitulé “Comment peut-on être Hongrois?”, publié le 29 juillet 2024, l’auteur Ghislain de Castelbajac tente de persuader le public que l’Ukraine viole les droits des Hongrois, ce qui est un pur mensonge:
“Il convient de rappeler que tous les voisins de la Hongrie qui possèdent des minorités magyares sur leurs territoires leurs accordent des droits équivalents à ceux des autres citoyens, à l’exception de Kiev, qui a interdit l’usage de la langue hongroise dans la région transcarpatique, annexée par la R.A. Ukraine, composante de l’URSS, en 1945”.
Nous voulons rejeter cette affirmation mensongère, car en 2022, il y avait 102 écoles de langue hongroise en Ukraine avec environ 20 000 élèves, alors qu’en Hongrie, il n’y a pas une seule école de langue ukrainienne, ce qui constitue une violation flagrante des droits de l’homme par la Hongrie.
Un autre article “Guerre en Ukraine: vers l’escalade?”, où l’auteur Philippe Condé, docteur en économie, spécialiste de la Russie, affirme que “le risque d’escalade devient chaque jour plus grand d’autant plus que les dirigeants occidentaux continuent de faire la sourde oreille aux propos de Moscou. Cependant, Moscou se dit chaque jour prête à négocier en tenant compte de la réalité sur le terrain”.
Il enchaîne ensuite avec un truc de propagande russe typique: la désinformation, la manipulation des faits: “La Russie est devenue la quatrième économie mondiale en 2023 en PIB PPA (parité de pouvoir d’achat), derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Inde mais devant le Japon. Le taux de chômage est inférieur à 3%, l’économie est en pénurie de main-d’oeuvre, ce qui constitue le principal problème aujourd’hui”.
“Pendant ce temps, l’Europe se perd, la France en tête. La croissance européenne reste inférieure à 1% par an, l’inflation reste supérieure à 2%, qui est la cible de la BCE. La désindustrialisation guette l’Allemagne puisqu’elle importe son énergie deux à trois fois plus chère que lorsqu’elle l’achetait à la Russie. La France ayant perdu son industrie depuis la crise de 2008”.
Un autre article intitulé “Poutine, Président de la Fédération de Russie pour un 5ème mandat”, publié le 3 mai 2024, où Jean-Bernard Pinatel fait peur à tout le monde en matière de nucléarisation de la guerre au cas où l’Occident autoriserait l’Ukraine à utiliser ses armes pour frapper des objets sur le territoire russe :
“Bien plus menaçante et plus crédible pour Moscou est la déclaration du ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, qui a affirmé que la Grande-Bretagne a donné à l’Ukraine l’autorisation d’utiliser les armes britanniques pour frapper le territoire russe, ce qui a été clairement perçu par Moscou comme une escalade intolérable. En effet, il est fort probable que des pertes civiles importantes dans la profondeur du territoire de la Russie conduiraient Vladimir Poutine à céder à son aile politique radicale qui depuis plusieurs mois souhaite accélérer la fin du conflit en le nucléarisant”.
Ainsi, nous pouvons voir que presque tous les articles publiés sur le site de Geopragma ne sont rien d’autre que de la propagande russe contenant des récits typiquement russes sur la guerre en Ukraine et des méthodes d’influence typiques de la Russie – désinformation, intimidation, manipulation des faits. L’analyse professionnelle de la politique mondiale est totalement absente.
En conclusion, nous pouvons voir que cette organisation, réunissant des personnalités politiques françaises, des écrivains, des hommes d’affaires, des journalistes, des fonctionnaires et des personnes qui ont une influence sur la politique étrangère française et sur le développement de l’État et de la société française, est le centre de la propagande russe en France.